Jean Langlois
Né à Nancy le 8 mars 1923
Ecole des Arts Appliqués de Paris, Ecole des Beaux-arts d’Alger et des Beaux-arts de Paris (élève de Jacques Zwoboda)
Participe au groupe Talma
Expositions : Galerie Marcel Bernheim, Galerie Katia Granoff, Galerie Cardinal (en permanence de 1982 à 1992), Musée du Mans, Salon d’Automne, Salon des Artistes Français, Salon des Indépendants, Salon Comparaisons, Salon Terre Latine
Sélection du Prix de la Critique 1967
Médaille d’or des Artistes Français 1968
Acquisition de diverses toiles par l’Etat français
Jean Langlois est né à Nancy le 8 mars 1923. Sa mère est une ancienne élève de l’École des Arts décoratifs de Paris. Son père est militaire de carrière ; après Verdun, qu’il fera dans la boue des tranchées comme des centaines de milliers d’autres, il fait partie de ceux qui se lancent dans les airs à la fin du conflit, à une époque où l’on conduit les avions comme des chevaux.
Jean Langlois se situe donc dans une génération proche de la guerre que préférait Georges Brassens, celle de 14-18. Les sept premières années de son enfance se situent dans le camp militaire d’Arvor (un terrain d’aviation, près de Bourges). Les sept suivantes se dérouleront à Nancy où sa famille est retournée. Elle déménage ensuite à Paris, ou le commandant Langlois a été affecté. Nous sommes en 1938, juste avant la seconde guerre mondiale. En 1939, Jean Langlois, qui ne démontre pas un goût prononcé pour les études (il a alors 16 ans) et qui commence à crayonner, s’inscrit à l’École des Arts Appliqués, mais pour peu de temps, car juste après la capitulation son père est muté en Algérie. Il s’inscrit alors à l’École des Beaux-Arts d’Alger en 1940. Il y restera deux ans, jusqu’à ses 19 ans. Parallèlement, il feuillette des livres d’art et découvre l’histoire de la peinture et ses grands maîtres. Son premier grand choc, qui confirme sa vocation de manière fulgurante, sera la peinture du Greco.
Il retourne en France en 1941 pour suivre les siens une fois de plus et s’inscrit aux Arts Appliqués dans l’Atelier de Peinture Décorative. En même temps il découvre Le Tintoret, un second « choc » déterminant, ainsi que Goya, Daumier, Michel-Ange, Picasso, Matisse, les Impressionnistes et toute la grande peinture française.
A l’époque, Les Arts Appliqués sont dirigés par Fressinet qui recrute beaucoup d’artistes comme professeurs (Wlérik, par exemple, pour la sculpture). Lui, aura comme professeur de dessin, Zvoboda, qui fonde peu après son propre atelier de dessin à la Grande Chaumière et qui le choisira comme massier (celui qui s’occupe des modèles et corrige les élèves).
Jean Langlois participe ensuite en 1944 à la libération de Paris et s’engage pour la durée de la guerre qui le conduira en Allemagne.
A son retour, il devient professeur principal à l’École Supérieure des Arts Modernes à Paris. Cette profession qui le laisse très libre de son temps lui permettra de consacrer son existence à la peinture et de pouvoir créer sans se préoccuper de l’aspect commercial de sa production tant en ce qui concerne le choix des sujets que celui des formats choisis. Il restera 44 ans à l’E.S.A.M. (de 1947 à 1991) et y enseignera le dessin et la recherche esthétique fondamentale à des élèves dont beaucoup lui demeureront fidèles.
Il est vrai que l’un des traits de caractère principaux de Jean Langlois est d’être peu habile à promouvoir sa carrière d’artiste. En fait, ce seront souvent ces anciens élèves, devenus des amis proches, qui lui permettront d’exposer (notamment Jacques Landron dont l’appui indéfectible et la fidélité ne lui feront jamais défaut et Jean-Marie Zacchi). Mais il pourra également compter sur le soutien de Georges Grandet (tout comme lui, judoka expérimenté, adversaire sur les tatamis et merveilleux ami dans la vie) qui consacrera beaucoup de temps et d’effort pour mettre à sa disposition en permanence, de 1982 à 1992, une galerie rue du Cardinal Lemoine (à deux pas de la Tour d’Argent) pour défendre une œuvre qu’il aimait et souhaitait faire mieux connaître. C’est là, principalement, qu’il rencontrera les nombreux amateurs français et étrangers qui prendront souvent par la suite le chemin de son atelier.
Merveilleusement malhabile à se vendre et à se promouvoir, orgueilleux dans sa solitude, totalement décalé, marginal magnifique et involontairement innocent dans un monde surmédiatisé et conceptualisé à l’extrême, Jean Lan
Merveilleusement malhabile à se vendre et à se promouvoir, orgueilleux dans sa solitude, totalement décalé, marginal magnifique et involontairement innocent dans un monde surmédiatisé et conceptualisé à l’extrême, Jean Langlois était incapable d’une provocation gratuite, d’une excentricité facile ou d’une pose. C’était un homme qui s’habillait comme tout le monde, qui s’exprimait avec une grande simplicité, et qui jamais n’aura ressemblé à un artiste tel que, souvent, l’imagine le grand public. Si l’on excepte ses moments de détente au judo-club de la salle Pleyel (qu’il fréquentera plus de quarante années) tous les jours de sa vie auront été exclusivement consacrés à sa production artistique.
C’est ainsi qu’il crée, en près de soixante-dix années de travail, une œuvre dense, construite dans la solitude la plus totale et quasiment en marge des médias spécialisés et des institutions. Des années d’efforts dans la solitude de l’atelier, face à la toile, reprenant sans relâche chaque détail, toujours à la recherche, sinon de la perfection, du moins de la reproduction d’une vision picturale, d’une fiction, d’une réinterprétation personnelle de la réalité.
Son œuvre peut se diviser en deux parties : une « Période Brune » et une « Période Coloriste ». La première s’achève vers la fin des années 70 quand il découvre l’acrylique et délaisse l’huile et commence à utiliser comme support des panneaux médiums au lieu de la toile traditionnelle. Ce changement de technique et de matière va profondément influencer ses choix de couleur et de sujets.
En 1989, Jean Langlois s’installe à Gron (petit village près de Sens) et organise un atelier de plus de 100 m2 dans lequel il va utiliser comme support à sa création tout ce qui attire son œil de peintre, des éléments les plus naturels de l’atelier (les paysages qu’il aperçoit par la porte et les fenêtres, l’escalier, une console…) aux divers objets qu’il entrepose et qu’il choisit pour leur forme et/ou leur couleur.
glois est incapable d’une provocation gratuite, d’une excentricité facile ou d’une pose. C’est un homme qui s’habille comme tout le monde, qui s’exprime comme tout le monde et qui n’aura jamais ressemblé à un artiste tel que, souvent, l’imagine le grand public. Mais tous les jours de sa vie auront été exclusivement consacrés à sa production artistique.
C’est ainsi qu’il crée, en soixante années de travail, une œuvre complète, construite dans la solitude la plus totale et quasiment en marge des médias spécialisés et des institutions. Soixante années d’efforts, dans la solitude de l’atelier, face à la toile, reprenant sans relâche chaque détail, toujours à la recherche, sinon de la perfection, du moins de la reproduction d’une vision picturale, d’une fiction, d’une réinterprétation personnelle de la réalité.
Sa peinture est résolument figurative, dans la lignée de la grande peinture classique, totalement en dehors des modes et des courants. Jean Langlois ne rejette pas la peinture abstraite mais considère que si l’art abstrait et l’art figuratif ont en commun l’intérêt pour les proportions, les formes, les couleurs et la distribution des surfaces sur la toile, la peinture figurative propose un supplément non négligeable : le sujet. Et même si cette « cerise sur le gâteau » n’est souvent là que pour permettre à l’artiste de poser sur la toile des formes et des couleurs, c’est une difficulté qu’il faut accepter d’affronter car la récompense est au bout du combat. Il se sent loin de l’art contemporain qui privilégie le concept sur le savoir faire et estime qu’il faut consacrer toute l’énergie sur la production et sur la toile.
D’ailleurs il considère que la vision d’un peintre figuratif transcende souvent la réalité, il n’est que de regarder la peinture de Monet, dit-il, pour être pénétré de cette vérité. Jean Langlois, en fait, se sent héritier d’une tradition qui remonte à la préhistoire, à l’art pariétal, dans lequel il retrouve ses racines. Les premiers artistes qui ont tracé sur les parois de leur grotte, et avec quelle innocence et quel talent, les contours d’un cerf ou d’un bison étaient les premiers figuratifs. Mais il aime aussi les estampes et la sculpture chinoise ou japonaise, l’art africain et les fresques hindoues.
C’est un peintre d’atelier, entouré d’objets qu’il aime et qui lui proposent spontanément des associations ou des combinaisons de formes et de couleur. Des armures japonaises qui côtoient un cheval de bois, un tissu qui traîne sur un fauteuil à côté d’un masque africain ou d’une poterie, un paysage aperçu de la fenêtre de l’atelier, font l’objet d’une composition passionnante. Tout est prétexte à peindre et toute réalité peut être réinterprétée par l’artiste.
Mais ces sujets nécessitent souvent de grands formats, et même si l’œuvre favorite de l’artiste est une toile de Daumier dont la taille n’excède pas 30 cm (Les Immigrants), c’est sur des panneaux de 2 mètres sur 2 mètres ou de 2 mètres sur 3 mètres, qu’il s’exprime le plus volontiers et le plus souvent.
Jean Langlois a participé au groupe Talma (fondé en 1965 avec Jacques Landron et Jean Marnat), il a exposé au Musée du Mans, au Salon d’Automne, au Salon des Artistes Français, au Salon des Indépendants, au Salon Comparaisons, au Salon Terre Latine, à la Galerie Marcel Bernheim, à la Galerie Katia Granoff, et enfin, en permanence, de 1982 à 1992, à la Galerie Cardinal (créée par son ami Georges Grandet, prématurément disparu). Son exposition la plus récente a eu lieu à l’Abbaye de Chaumont en 2008 pour une rétrospective de son œuvre. Il a été également Sélection du Prix de la Critique 1967 et Médaille d’or des Artistes Français en 1968.
Jean Langlois nous a quitté le 15 janvier 2014. Trois mois avant de disparaître, à 90 ans, il peignait encore quelques heures tous les jours dans son atelier. Dans la maison médicalisée qui aura abrité ses dernières heures il nous posait inlassablement la même question :
« Mais qu’est-ce que je fais içi, j’ai du travail à l’atelier !».